La littérature du milieu du XIXe à la fin du XIXe siècle: Le réalisme et le naturalisme
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Ami.e.s bibliophiles bonjour,
Bienvenue dans notre série de l'été intitulée Une exploration de l'histoire fascinante de la littérature française.
Après avoir vu le cinquième épisode de la littérature française romantique, aujourd'hui, nous allons parler de la littérature française du milieu du XIXe à la fin du XIXe siècle, et plus particulièrement des deux courants majeurs qui ont marqué cette période : le réalisme et le naturalisme.
Un peu d'histoire
Le réalisme est un mouvement artistique qui veut représenter la réalité sans la modifier, en se basant sur des sujets ordinaires et contemporains.
Les artistes réalistes ont remis en cause la hiérarchie des genres et exprimé leur vision personnelle et critique du monde, en utilisant de nouvelles techniques.
Le réalisme et le naturalisme sont apparus dans la littérature française vers la seconde moitié du XIXe siècle en réaction au romantisme, qui dominait le paysage littéraire de l'époque.
Souvenez-vous, le romantisme, né dans un contexte de profondes transformations sociales, politiques et scientifiques, était un courant qui privilégiait l’expression des sentiments personnels, l’imagination, le rêve, le merveilleux, et qui mettait en scène des héros exceptionnels, souvent en rupture avec la société.
Le réalisme cherche à représenter le le réel tel qu’il est sans idéalisation ni embellissement, en s’appuyant sur une documentation rigoureuse et une observation objective des faits et des personnages.
Le naturalisme pousse cette démarche plus loin, en appliquant les principes des sciences expérimentales à l’étude des comportements humains, déterminés par l’hérédité et le milieu.
Contrairement aux écrivains et autres artistes romantiques qui s'inspirent de la bourgeoisie, les réalistes et les naturalistes choisissent des sujets et des personnages ordinaires, issus des classes moyennes ou populaires, et décrivent leur vie quotidienne, leurs problèmes, leurs passions, leurs conflits.
Les réalistes et les naturalistes aussi dénoncent les injustices et les hypocrisies de la société moderne, en s’engageant pour des causes politiques ou sociales.
Les principaux écrivains réalistes sont Balzac, Stendhal et Flaubert, tandis que les naturalistes sont représentés par Zola et les frères Goncourt.***
Le réalisme
Les maîtres du réalisme***
Stendhal (1783-1842)
Flaubert (1821-1880)
Il a révolutionné le genre romanesque avec Madame Bovary (1857), l’histoire d’une femme adultère qui rêve d’une vie plus romanesque que son mariage monotone.
Il a apporté une grande rigueur dans le style et la composition de son œuvre, en recherchant le mot juste et en évitant tout effet superflu.
Il a aussi fait preuve d’un souci d’impartialité et d’ironie dans la narration, en adoptant le point de vue du personnage ou en se plaçant à distance du récit.
En médaillon: Photographie de Flaubert par Nadar (1820-1910)*
Maupassant (1850-1893)
Henry René Albert Guy de Maupassant alias Joseph Prunier, Guy de Valmont, Chaudron-du-diable ou encore Maufrigneuse a été l’un des maîtres de la nouvelle réaliste, un genre qui se prête à la description concise et efficace d’un moment de vie.
Il a écrit plus de 300 nouvelles, dont Boule de Suif (1880) ou Le Horla (1887), qui témoignent de son talent d’observateur et de sa capacité à créer des situations dramatiques ou fantastiques.
Le réalisme se veut un art engagé, qui dénonce les injustices et les hypocrisies du monde moderne.
Le réalisme a eu une grande influence sur la littérature européenne et mondiale. Il a permis au roman de devenir un genre majeur, capable de refléter la complexité et la diversité du réel.
Il a aussi ouvert la voie à d’autres courants littéraires, comme le naturalisme socialiste, le néo-réalisme ou encore le réalisme magique.
Le naturalisme
Le naturalisme est un courant littéraire qui prolonge et radicalise le réalisme qui visait à décrire la réalité sociale et quotidienne de manière fidèle et objective.
Le naturalisme a cherché à aller plus loin en s’inspirant des méthodes scientifiques pour faire du roman un lieu d’expérimentation.
Les écrivains naturalistes ont voulu appliquer à l’étude des phénomènes humains les principes de la physiologie, de la médecine, de la sociologie, et montrer comment les individus sont déterminés par leur hérédité, leur milieu, leur époque.
Ils ont aussi accordé une grande importance à la documentation et à l’observation, en se rendant sur le terrain et en recueillant des informations précises sur les milieux qu’ils décrivaient.
Le terme de naturalisme a été utilisé pour la première fois par le critique Hippolyte Taine, qui a influencé la pensée littéraire de son époque par sa théorie des trois facteurs : race, milieu, moment. Selon lui, ces trois facteurs expliquent les caractéristiques et l’évolution d’une œuvre littéraire.
Les maîtres du naturalisme***
Honoré de Balzac (1799-1850)
Hippolyte Taine a qualifié Balzac de “naturaliste” en se fondant sur le fait que ce romancier voulait écrire “l’histoire naturelle” de l’homme.
Balzac a créé La Comédie humaine (1829-1850), une vaste fresque qui décrit tous les aspects de la société française de son temps, à travers plus de 90 romans et nouvelles.
Emile Zola (1840-1902)
Cependant, c’est Émile Zola qui a véritablement fondé le naturalisme comme une école littéraire, en revendiquant ce terme et en rassemblant autour de lui un groupe d’écrivains qui partageaient sa vision du roman.
Zola a exposé sa doctrine dans la préface de la deuxième édition de Thérèse Raquin (1868) et surtout dans Le Roman expérimental (1880), où il affirme que le roman doit être une “conséquence de l’évolution scientifique du siècle” et qu’il doit substituer à l’étude de l’homme abstrait et métaphysique l’étude de l’homme naturel, soumis aux lois physico-chimiques et influencé par son environnement.
Il a illustré sa théorie dans son œuvre majeure, Les Rougon-Macquart (1871-1893), une saga familiale qui retrace l’histoire d’une famille sous le Second Empire, en montrant les effets de la dégénérescence sur plusieurs générations.
Le naturalisme a connu un grand succès auprès du public, mais aussi de nombreuses critiques et polémiques, notamment de la part des milieux conservateurs et religieux, qui reprochaient aux écrivains naturalistes de choquer la morale et le bon goût par leurs descriptions crues et pessimistes de la réalité.
Le naturalisme a aussi suscité des réactions au sein même du monde littéraire, avec des écrivains qui se sont détachés du mouvement ou qui ont proposé des variantes ou des oppositions.
Les auteurs naturalistes veulent montrer la vérité scientifique des faits, en tenant compte des déterminismes biologiques, sociaux et historiques qui influencent le comportement des individus.
Ils se focalisent sur les aspects les plus sombres et les plus cruels de la réalité, comme la misère, la violence, la maladie ou la déchéance.
Ils utilisent un style sobre, précis et impersonnel, qui rappelle celui d'un rapport médical ou d'une enquête journalistique.
Les principaux représentants du naturalisme sont Émile Zola, Alphonse Daudet, Edmond et Jules de Goncourt ou Guy de Maupassant.***
ET VOUS ?
Quelle est votre œuvre réaliste ou naturaliste préférée?
En temps normal, j'aurais cité pour ma part, Les Rougon- Macquart de Zola, le chef- d'œuvre monumental qui retrace l’histoire d’une famille sur cinq générations, sous le Second Empire.
Zola ne fais pas dans la demie mesure: Les Rougon-Macquart sont composés de vingt romans, qui peuvent se lire indépendamment, mais qui forment un ensemble cohérent et passionnant.
Parmi les romans les plus célèbres , je cite L’Assommoir, qui décrit la misère et l’alcoolisme du peuple parisien ; Germinal, qui raconte la révolte des mineurs du Nord ; Nana, qui peint la décadence de la haute société à travers le destin d’une courtisane ; La Bête humaine, qui mêle le roman policier et le roman psychologique autour du thème du crime passionnel ; ou encore Le Docteur Pascal, qui clôt la saga en faisant le bilan généalogique et philosophique de la famille.
Mais pour des raisons sentimentales, je tiens à vous présenter ici mon coup de cœur intitulé Lettres de mon moulin:
Pour conclure,
La littérature du milieu du XIXe à la fin du XIXe siècle est donc marquée par la volonté de peindre la réalité des classes populaires avec fidélité et rigueur, en s'appuyant sur des méthodes scientifiques et documentaires.
Le réalisme et le naturalisme sont des courants qui témoignent des transformations sociales, économiques et culturelles de leur temps, mais aussi des interrogations et des inquiétudes des écrivains face à ces changements.
Ils nous offrent ainsi un regard lucide et critique sur le monde moderne.
D’autres courants littéraires sont apparus à la fin du XIXe siècle, comme le symbolisme ou le décadentisme, qui ont marqué une rupture avec le naturalisme, ce que nous verrons au fil de notre exploration de l'histoire fascinante de la littérature française.
Tableau : Les Baigneuses par Gustave Courbet (1819-1877), 1853 *
Le mot de la fin
Rendez-vous jeudi prochain pour notre septième épisode sur le symbolisme.
D'ici là, n'hésitez pas à me laisser vos commentaires ou vos questions, je me ferai un plaisir d'y répondre en temps réel.
Littérairement vôtre,
Aïkà