De Lire Délire_ Avez-vous lu King Kasaï de Christophe Boltanski ?


15.02.2023_ Ami.e bibliophile bonjour,

Aujourd'hui, je tiens à vous présenter l'horizon d'attente De Lire Délire d'un livre que je trouve particulièrement intéressant.

L'œuvre s'intitule King Kasaï, du journaliste Christophe Boltanski, parue en janvier 2023 aux éditions Stock, de la collection Ma nuit au musée.

En voici la quatrième de couverture :

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"Il est tout blanc, d’un blanc spectral, taillé en Hermès. Privé de son socle, pour ainsi dire détrôné, il jouxte des artefacts faits de la même substance dure, compacte, quelque peu élimés par le temps, imprégnés de la même grandeur surannée. La vitrine expose une matière – l’ivoire – à travers ses multiples usages exhumés d’un grenier de grand-mère. Un chausse-pied, des coquetiers, des ronds de serviette, un coupe-papier, un bougeoir, des boules de billard, une brosse à cheveux, et au milieu de ce bric-à-brac de brocanteur, un roi avec sa barbe et ses médailles. Léopold II n’est plus qu’un bibelot parmi d’autres. »

King Kasaï est le nom d’un éléphant empaillé qui fut longtemps le symbole du Musée royal de l’Afrique centrale, situé près de Bruxelles. C’est devant le « roi du Kasaï » et près d’un Léopold II à la gloire déboulonnée, dans cette ancienne vitrine du projet colonial belge aujourd’hui rebaptisée Africa Museum, que Christophe Boltanski passe la nuit.

En partant sur les traces du chasseur qui participa à la vaste expédition zoologique du Musée et abattit l’éléphant en 1956, l’auteur s’aventure au cœur des plus violentes ténèbres, celles de notre mémoire.

Source : Éditeur 

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Les œuvres issues de la collection Ma nuit au musée (Stock) sont le fruit d'un concept éponyme : un.e auteur.e motivé.e fait le récit détaillé de cette expérience inédite.

Cette fois ci, Christophe Boltanski se trouve à l'Africa Museum de Tervuren, en Belgique. Il s'agit de l'ancien Musée Royal du Congo belge rebaptisé en 2018 à la suite d'indispensables travaux de transformation: rénovation du bâtiment et modification de la scénographie pour des raisons évidentes de racisme et de désuétude.

En effet, cet endroit fut autrefois la vitrine coloniale du roi des Belges Léopold II (1835-1909) composée de son exposition de trophées de chasse, son safari empaillé et, comble de l'intolérance, son zoo humain composé d'individus, des femmes et des hommes comme vous et moi, issus de différentes tribus indigènes.

Dans cet état d'esprit, à travers le regard de l'auteur, nous visitons l'envers du décor : lieux et objets qui jadis furent en lumière sont à présent honteusement entassés dans la remise mais au travers desquels ressurgissent toujours les fantômes du passé colonial. 

Ce récit annonce un voyage lucide à travers les ténèbres du colonialisme dans toute sa brutalité qu'il est nécessaire de rappeler pour ne pas l'oublier et ne jamais plus le revivre.

L'Africa Museum à Tervuren
Image : Wikipédia 


Citation : "Leurs noms, seulement. La terre ne contient rien. Les stèles ne recouvrent que du vide. Sambo, Zao, Ekia, Pemba, Kitoukwa, Mibange et Mpeia ont été privés de sépulture. Tombés au champ de foire, ils ont rejoint les baladins et tous les autres proscrits - indigents, suicidés, enfants sans baptême et prostituées." Source: Éditeur 


Et vous, ami.e bibliophile, avez-vous lu cette œuvre ? Pour ma part, il me tarde de la lire en entier car il s'agit d'un sujet qui me touche particulièrement. En tout cas n'hésitez pas à me faire part de vos impressions via le petit formulaire de contact situé juste en bas de cet article ✍️

Littérairement vôtre,

Aïkà